
Avec la guerre en Ukraine, la fin du recours au charbon et au gaz russe pousse les pays européens à trouver de nouveaux fournisseurs. Et c’est notamment l’Afrique du Sud qui en profite. Les exportations, depuis le port spécialisé de Richards Bay, vers l’Europe, ont bondi de 720% lors des six premiers mois de l’année. Les entreprises minières se frottent les mains.

2022 signerait donc le retour du « roi charbon » comme on peut le lire dans une interview donnée par Vuslat Bayoglu. Cet homme est l’un des cadres de l’entreprise Menar qui possède trois mines de charbon. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, il a vu les exportations exploser. « La demande vient d’Allemagne, de France, d’Italie, d’Espagne, mais aussi de Pologne qui se fournissait beaucoup en Russie, affirme-t-il. Donc une variété de pays et une très forte demande européenne pour le charbon sud-africain. »
La tonne de charbon est passée de 75 dollars en 2021 à 230 dollars ces derniers mois. La ruée vers le charbon fait monter les prix et inquiète les Nations unies. L’ONU a mis en garde l’Europe contre un retour en arrière face à la crise climatique. Côté sud-africain, le gouvernement voit dans la crise énergétique européenne la preuve qu’il ne faut pas se détourner du charbon. « Les énergies renouvelables ne nous sauveront pas, l’Allemagne l’a appris dans la douleur », a déclaré le ministre sud-africain de l’Énergie.
Un discours auquel adhère Vuslat Bayoglu. « Les Européens disent à l’Afrique du Sud : investissez dans les énergies renouvelables et vous réglerez vos problèmes de coupures de courant. Je leur dis, regardez ce qu’il se passe en Europe. Le scenario était gaz avec énergies renouvelables et c’était très bien. Mais quand le gaz vient à être coupé, vous êtes dans le pétrin. »
Green Peace craint que la crise énergétique ouvre une nouvelle ère de croissance pour le charbon. C’est l’inquiétude formulée par Nhlanhla Sibisi en charge du climat et des questions énergétiques au sein de l’ONG. « Dans les discours répétés à la fois en Europe, mais aussi dans les pays dits en développement, il est répété que nous devrions utiliser les ressources à notre portée pour soutenir notre développement, explique-t-elle. Avec la crise énergétique en Europe, des centrales à charbon ont été relancées et pour ceux qui en exporte, c’est la preuve que nous avons besoin de charbon. Pourtant, nous continuons de penser que nous pouvons nous en passer. »
L’Union européenne essaie justement de détourner l’Afrique du Sud du charbon. Lors de la COP27 qui se tiendra début novembre en Égypte, un plan de transition énergétique devrait être présenté par l’Afrique du Sud. L’Union européenne s’engage à mettre 8,5 milliards dollars sur la table pour l’aider à mettre fin à son addiction au charbon.