
La Banque centrale de Cuba a annoncé lundi autoriser à nouveau les dépôts de dollars américains en espèces, suspendus en 2021 sur fond d’embargo imposé par les États-Unis.
Désormais, « les institutions financières et bancaires accepteront les dépôts en espèces de dollars américains sur des comptes bancaires », indique une résolution de la Banque centrale de Cuba (BCC) publiée lundi 10 avril au Journal officiel.
Depuis 1962, Cuba subit l’embargo imposé par les États-Unis, qui complique ses échanges en dollars. Des échanges rendus encore plus difficiles sous la présidence de Donald Trump avec 240 nouvelles mesures, actuellement toujours maintenues par Joe Biden. Pour contrer les effets, le gouvernement cubain avait, en 2021, interdit les dépôts bancaires en dollars liquides. Un an plus tard, il avait commencé à acheter des dollars au prix du marché noir, pour ensuite les vendre quelques semaines plus tard à la population pour créer un marché de change officiel.
Favoriser le tourisme
Publiée à la surprise générale, cette résolution précise que la nouvelle politique monétaire répond aux priorités actuelles de l’île : l’économie et le tourisme, éprouvés par la pandémie, qui repartent progressivement. La BCC a d’ailleurs justifié sa décision par ce contexte économique favorable, ajoutant que les mesures visant à « empêcher les dépôts de dollars américains en espèces à l’étranger » restaient en vigueur.
Pour Stéphane Witkowski, de l’Institut des Hautes Études de l’Amérique latine (IHEAL), la décision de réautoriser les dépôts de dollars américains est logique dans le contexte actuel. « Cette décision permet pour un certain nombre d’acteurs d’accepter cette devise pour des opérations d’achat et de vente de devises étrangères sur le marché des changes, analyse-t-il au micro de Patricia Lecompte, du service Économie. Mais je dirais que c’est une politique pour essayer de trouver des solutions de court et moyen terme, à défaut d’avoir trouvé une solution idéale. Le contexte économique et financier est particulièrement difficile, aggravé par le dispositif des fameuses 240 mesures de l’administration Trump, qui renforcent l’embargo, qui a été maintenu par l’administration Biden, et qui pénalise évidemment très sévèrement l’économie du pays. Vous savez que le pays n’a toujours pas accès aux financements internationaux : Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, Banque interaméricaine de développement (BID). »
Inflation
« Le problème de fond n’a pas été résolu », souligne la BCC. Par ailleurs, la réforme monétaire mise en œuvre par le gouvernement cubain en janvier 2021, en pleine pandémie, a provoqué une dévaluation du peso cubain qui a vu passé le prix du dollar de 24 pesos à 120 pesos au taux officiel, et l’a fait flamber sur le marché noir, où il s’échange désormais à 185 pesos. Cette dépréciation s’est accompagnée d’une inflation galopante, atteignant 70% en 2021 et 39% en 2022.